LANCIA LANCERA à LA RENTRéE 2024 UNE CITADINE ITALIENNE CHIC SUR BASE DE PEUGEOT 208

Le groupe Stellantis va lancer dans un an le premier modèle de sa future gamme. Produite à Saragosse, en Espagne, la citadine sera disponible en version hybride 48 volts et électrique. Le réseau français comportera 20 points de vente et 80 points de service. Rude gageure que de faire revivre un label oublié !

Lancia? Il "rinascimento". Lors d'une présentation à l'Ambassade d'Italie à Paris ce jeudi, Stellantis a (un peu) détaillé le plan de relance du célèbre label auto transalpin. C'est en novembre 2021 que le groupe franco-italo-américain avait annoncé sa feuille de route pour la renaissance de cette marque âgée de 117 ans."Un plan de dix ans approuvé et financé", souligne Joël Verany, chargé des marques premium de Stellantis dans l'Hexagone. Le plan prévoit trois nouveaux modèles, entre 2024 et 2028. Le premier prévu sera une toute nouvelle berline citadine, l'Ypsilon. 

Sur la plateforme de la Peugeot 208, ce modèle, qui se veut encore plus chic et snob que la Fiat 500, remplacera l'actuelle Ypsilon qui va sur ses douze ans et n'est plus vendue qu'en Italie. Lancia s'est retiré de tous les autres marchés en 2016 ! D'une longueur d'environ quatre mètres, livrable en versions hybride 48 volts et électrique, la petite Lancia sera produite sur l'ex-site Opel de Saragosse, en Espagne. Elle arrivera dans un an, à la rentrée 2024, "en Italie, France, Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique, Espagne et au Portugal. Avec un réseau de 70 concessionnaires en Europe, dont 20 en France pour la vente et 80 points de service", détaille Joël Verany.

Lancia ne communique pas grand chose d'autre, ni les caractéristiques, ni a fortiori les prix. La marque se borne à évoquer l'"élégance à l'italienne", la "pureté", le "premium", ce qui en soi ne signifie rien. C'est encore aujourd'hui une pure communication marketing. Une grande berline-SUV électrique devrait venir deux ans après, en 2026. Ce navire amiral devait reprendre initialement le nom d'Aurelia, la Lancia emblématique des années 1950 qui fut livrable en berline, coupé et cabriolet. Mais ce deuxième véhicule s'appellera in fine Gamma, du nom d'un véhicule... fantomatique des années 1975 à 1984, peu fiable et dont l'échec fut flagrant. Enfin, un modèle intermédiaire également électrique et baptisé Delta, en référence à la célèbre compacte des années 1980 et 1990, arrivera dans cinq ans. Ces trois noms renouent avec les appellations traditionnelles de Lancia, qui reprennent les lettres de l'alphabet grec.

Lancia Ypsilon actuelle

La recréation de Lancia est prévue sous la houlette de Jean-Pierre Ploué, qui supervise le style des marques françaises (PSA) de Stellantis, mais aussi des Opel, Fiat, Alfa Romeo et... Lancia. Cet ancien de Renault, Volkswagen, Ford, entré chez PSA en 1999, est "Chief Design Officier" des marques européennes du groupe. "Je me sens comme un jeune designer passionné face au nouveau défi des marques mythiques italiennes", s’enthousiasmait-il dans un entretien avec Challenges il y a un anD’ailleurs, Un autre Français, Frédéric Duvernier, a été nommé. En charge directement du style Lancia, il travaille sous la supervision de Jean-Pierre Ploué.

Marque oubliée sauf en Italie

Le problème est que cette marque mythique n’est depuis longtemps que l’ombre de ce qu’elle a été. Oubliée et inconnue en dehors de quelques passionnés en Europe ou des acheteurs italiens d’Ypsilon qui l’acquièrent surtout pour son prix modique dans la péninsule. Les relances successives de la marque par le groupe Fiat, puis FCA (Fiat Chrysler Automobiles), ont échoué. Fondée à Turin en 1906 par Vincenzo Lancia, avec Claudio Fogolin et Davide Aupicci,  la firme s’est toujours distinguée par l’originalité technique de ses véhicules. En 1937, Vincenzo Lancia meurt d'une crise cardiaque, à l'âge de 56 ans. Il n'assiste donc pas à la présentation de la dernière voiture qu'il a personnellement mise au point, et qui constituera un grand succès commercial, du moins pour une marque aussi élitiste: l’Aprilia. Celle-ci fera connaître le label internationalement. Son épouse et son fils, ingénieur, prennent la direction de la société. Lancia gagnera ses lettres de noblesse de grand constructeur en 1950 avec la présentation de la belle Aurelia, dotée de raffinements techniques inouïs pour l’époque comme la suspension à quatre roues indépendantes et un groupe boîte de vitesses-embrayage-différentiel à l'arrière. L’Aurelia fera beaucoup pour la renommée de la construction automobile italienne d’après-guerre.

Lancia Aurelia cabriolet

En 1956, la gestion de la société devient très délicate et le groupe cimentier Italcementi la rachète. Lancia lancera ses magnifiques Flaminia de très haut de gamme (1957), ses berlines de catégorie moyenne Flavia (1960) et Fulvia (1963). Avec près de 350.000 exemplaires, cette compacte sera notamment diffusée dans une sublime version coupé commercialisée en 1965, laquelle deviendra championne du mondes des rallyes. La firme détiendra d’ailleurs le record du plus grand nombre de victoires et de titres remportés grâce à la Fulvia coupé, puis la Stratos et la Delta Integrale, sacrée six fois consécutives entre 1987 et 1992. Mais, entre-temps, Lancia aura intégré le groupe Fiat en 1969. La lente descente aux enfers commencera en 1986 quand Fiat reprendra aussi Alfa Romeo. Le groupe italien ne saura pas quoi faire de ses deux marques qui vont se marcher sur les pieds. Lancia sera finalement sacrifié au profit d’Alfa, qui n’en sera pas moins également gérée de manière erratique par le consortium transalpin.

Lancia Delta Integrale

Une gestion calamiteuse

La dernière Delta III, lancée en 2008, était toutefois chargée notamment d’enrayer l'inexorable déclin. Las, cette Delta de la dernière chance... n'a pas rempli son contrat. Pour être rentable, elle se devait de trouver 70.000 acheteurs par an. Bof, il s'en est fabriqué moins de la moitié dans sa meilleure année, Depuis la belle berline, sportive et élégante, Kappa du milieu des années 1990, Lancia n'a en fait guère sorti de modèles vraiment marquants. Quant à l’Ypsilon actuelle, datant de 2011 et toujours en production en Pologne,  elle se voulait à son lancement une Fiat chic. Mais, mal dessinée, peu raffinée avec une finition médiocre, elle s’est cassée les dents contre sa cousine… Fiat 500.

Comble de décadence, après avoir repris l'américain Chrysler en 2010, Fiat affublera la gamme Lancia de modèles américains obsolètes, qui finiront par dynamiter ce qu’il restait de l’image de noblesse et grande classe chez Lancia. Une gestion là aussi catastrophique. On espère une renaissance de Lancia à la hauteur de sa brillante histoire. Mais Stellantis risque de s'empêtrer avec tous ses labels dans un marché européen totalement saturé. Il essaye dans le même temps de relancer Alfa Romeo, tout en faisant vivre DS, qui ne décolle pas. Beaucoup de lièvres à courir simultanément, avec des véhicules qui seront technologiquement similaires !

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