LES CHINOIS MG, BYD, LYNK &CO ENVAHISSENT L'EUROPE AVEC DES COûTS INFéRIEURS DE 25%

MG va lancer son petit cabriolet Cyberster, présenté au salon de Munich (5 au 10 septembre). Après son SUV d'entrée de gamme ZS, sa compacte MG4 électrique, il prépare une "petite" à 15.000 euros. BYD débarque en France. Lynk & Co prépare un SUV très compact. Les Chinois pourraient prendre 10 à 20% du marché européen, avec des coûts inférieurs d'un quart à Stellantis ou Renault.

Il avait déjà lancé l’an dernier un SUV pas cher (ZS à partir de 17.490 euros) contre le Dacia Duster (17.990 euros). Puis, au printemps dernier, une berline compacte électrique (MG4 à partir de 29.990 euros)  à l’assaut de la Renault Mégane E-Tech, 3.000 euros moins chère. Voici maintenant un adorable petit roadster à l’anglaise, destiné à rappeler les origines britanniques de MG, dont le nom appartient aujourd’hui au premier groupe auto chinois SAIC !  Au salon de Munich (du 5 au 10 septembre), MG présentera ainsi pour la première fois en Europe continentale le Cyberster électrique pour conduire cheveux au vent, et qui développe 435 chevaux ! Un modèle créé pour l’Europe, la Chine étant réfractaire aux décapotables. Ce Cyberster à deux places sera commercialisé l’an prochain, alors que ce type de véhicule n’existe plus dans la production européenne, sauf chez BMW, Mercedes, Porsche, et à des tarifs élitistes. Justement, MG promet des tarifs beaucoup plus accessibles, mais non fixés à ce jour.

Le constructeur chinois ne s’arrêtera pas là. Il compte surtout venir concurrencer les Européens dans le cœur même de leur spécialité : la petite citadine. Ainsi, MG "lancera au premier trimestre 2024  une voiture du segment B (petite) hybride, explique Julien Robert, le directeur des ventes de la filiale française. Et une version à essence encore moins chère "est envisagée", à moins de 15.000 euros. Quand une Renault Clio démarre aujourd’hui à… 18.500 euros. Le champion de la voiture électrique BYD commercialisera pour sa part au quatrième trimestre la Dolphin zéro émission, une autre concurrente de Renault Mégane - décidément ! -  à 28.990 euros, encore moins onéreuse que la MG4. Détenu par le groupe Geely (qui possède Volvo), Lynk & Co prépare pour sa part un SUV très compact à batteries pour l’an prochain, reprenant la technologie du… Suédois. Autant dire que l’offensive des Chinois se précise.

Coûts de production inférieurs de 20 à 25%

"Les marques chinoises ont des coûts de production inférieurs de 20 à 25% à ceux de l’usine slovaque de Stellantis, de 30% par rapport à Renault Douai (Nord)", explique Clément Dupont-Roc du cabinet de consultants C-Ways. En plus, les Chinois se spécialisent dans l'électrique. Or, "la Chine est le premier marché mondial de l’électrique", d’où des énormes économies d’échelle pour les constructeurs, insiste Marc Mortureux, directeur général de la PFA (Plateforme auto française). Luca De Meo, directeur général de Renault, dénonce carrément "une compétition asymétrique, car la Chine contrôle toute la chaîne de valeur". Résultat : un avantage comparatif substantiel qui autorise les constructeurs chinois à pratiquer des prix de 15 à 20% moins élevés que les constructeurs concurrents, selon les calculs de MG et BYD. Les Chinois pourraient du coup prendre 10 à 20% de parts de marché en Europe, d’après C-Ways.

MG vise "25 à 30.000 ventes cette année en France (contre 13.00 l’an dernier) avec un objectif de plus de 50.000 en 2024", précise Julien Robert. Avec 163 points de vente (et réparation) aujourd’hui et 200 prévus en 2024. En Europe, la marque espère plus que doubler les volumes en dépassant les 250.000 unités sur l’année 2023. BYD, qui démarre à peine sur le Vieux continent, ne donne pas de prévision. Mais le fondateur et PDG Wang Chuanfu veut augmenter de 70% ses volumes mondiaux à au moins trois millions de véhicules cette année, dont une proportion croissante à… l’export.

Un bonus anti-chinois préparé en France

BYD aura "15 à 20 concessionnaires fin 2023, 100 en 2025" rien qu’en France, précise Havana Lan, responsable du développement réseau de la marque. Une aubaine pour les groupes hexagonaux de distribution, qui "considèrent l’arrivée des Chinois comme providentielle, notamment après la renégociation des contrats des marques avec Stellantis",  souligne Eric Champarnaud, directeur de C-Ways. Lynk & Co a pour sa part opté pour une stratégie osée… sans concessionnaires !  Le client loue mensuellement sa voiture par internet, sans engagement de durée. "Nous sommes le Netflix de l’automobile", argue Alain Visser, directeur des ventes internationales (hors Chine). But : 100.000 véhicules par an dans quatre à cinq ans en Europe.

Le Vieux continent offre aux Chinois "un champ de conquête plus facile que les Etats-Unis, du fait de son ambition d'interdire dès 2035 la vente de moteurs thermiques",  explique Jamel Taganza, du cabinet Inovev ! C’est pour tenter d’endiguer cette invasion que le gouvernement français va réformer les règles du bonus. L’aide à l’achat d’une voiture électrique (jusqu’à 5.000 euros en 2023) sera conditionnée à son empreinte carbone sur le cycle de production, ce qui exclut les véhicules made in China. Mais MG, BYD, Lynk & Co ont déjà annoncé qu’ils allaient produire en Europe. Les coûts d’assemblage seront certes plus élevés, mais tous les composants clés continueront de venir de…Chine.

2023-08-31T13:44:24Z dg43tfdfdgfd