BMW XM : LA TENTATION DU MéLANGE DES GENRES

En revendiquant une filiation avec la prestigieuse M1, le XM triture l'histoire du fameux sigle sportif. Non que ses performances ne soient à la hauteur, bien au contraire, mais que, pour y parvenir, Motorsport a déployé un tel arsenal de moyens que l'on approche même les limites du SUV. À ce point du constat, il y aura naturellement deux clans qui s'opposeront, ceux qui pensent que le SUV est un bon à tout faire et les autres, qui admettent qu'il peut lui aussi jouer sur la corde sportive.

C'est bien évidemment à la branche sportive Motorsport que le XM s'accroche, le seul lien visible avec la M1 étant une double gravure de la vitre arrière au blason à l'hélice. La M1 de 1978 était un coupé deux portes, deux places et 6 cylindres en position centrale arrière dont la simple évocation dresse le poil sur l'échine des «  BMWistes ».

Le XM est ce qu'on appelle un beau bébé, beaucoup plus à l'aise en dehors des villes que dedans où il se sentira souvent à l'étroit © Adrien Cortesi

Le XM est supposé hériter de cet ancêtre qui a vécu une longue éclipse donc pour renaître avec un X devant le M. Il forme un sigle plus évocateur de l'univers Citroën que de celui de BMW, mais il semble que ce soit un renvoi d'ascenseur après l'emprunt de « C1 » à BMW par Citroën. Ce qui dérange au fond, c'est le gabarit énorme et le poids qui va avec de cet engin, de toute évidence taillé pour les marchés nord-américain et du Moyen-Orient, où il se sentira plus à l'aise que dans les cités historiques de la vieille Europe.

Ce qui change

Mais une BMW est une BMW et même si elle est fabriquée aux États-Unis, le XM sera diffusé chez nous, à un tarif de très haut de gamme. On peut faire confiance à BMW pour le justifier car il a fait entrer un maximum de choses en série dans ce gabarit XXL avec pas moins de 2 m 05 de large, rétros compris, et 1 m 87 de haut.

À la différence du X7, il ne cherche pas à se justifier avec 7 places et se maintient à 5, mais avec un souci du confort, du luxe et des accessoires high-tech distribués à l'ensemble des occupants. En revanche, on appréciera sa marche arrière automatique qui permet d'effectuer les 50 derniers mètres accomplis ? pour se garer par exemple ? à rebours et sans toucher à rien. Spectaculaire et efficace.

La calandre éclairée par leds encadrée par les phares et feux en meurtières sera identifiable de très loin © Adrien Cortesi
Coquetterie de style avec les echappements anguleux et superposés © Adrien Cortesi

La première chose qui frappe, ce sont, bien sûr, entre les phares et feux en meurtrières superposées, les fameux nasaux BMW cerclés d'or et de leds, histoire de bien poser le postulat. Les vitrages latéraux sont également soulignés de cette bande dorée que les amateurs de discrétion pourront échanger contre un gris carbone plus discret. Ils couperont aussi au besoin cette calandre éclairée mais gageons qu'ils seront peu nombreux à le faire compte tenu des autres caractéristiques spectaculaires du XM.

Et son hybridation rechargeable n'est pas le moindre détail car, avec une batterie conséquente de 25,7 kWh utiles, le XM vise une autonomie électrique située entre 82 et 88 km selon la norme WLTP. La promesse est réaliste puisque nous sommes parvenus à l'atteindre, avant de vider la batterie. Il faudra, pour la recharger, attendre 4 h 15 sur une borne de 7,4 kW alors que sur une prise domestique, il faudra patienter 14 heures. Cela est dû à un chargeur embarqué limité lui aussi à 7,4 kW et pas question de se rabattre sur un chargeur rapide, le XM curieusement ne l'accepte pas.

C'est une lacune peut-être temporaire mais qui étonne sur un ensemble technologique par ailleurs très convaincant. Il l'est d'autant plus qu'en ne sollicitant que si nécessaire lors des petits parcours le formidable V8 essence bi-turbo, le XM échappe à tout interdit urbain et même aux différents malus CO2 ou au poids. Une jolie acrobatie réglementaire qui permet de s'affranchir des 50 000 ? de malus qui frappe bon nombre de ses concurrentes.

La vie à bord

Le ciel de toit en 3D avec éclairage réglable par leds va rencontrer un joli succès auprès des fêtards © Adrien Cortesi
Accomplir plus de 80 km en électrique permet au XM d'échapper aux différents malus. Chapeau aux ingénieurs ! © Adrien Cortesi

La nouveauté réside essentiellement dans un ciel de toit en Alcantara à effet 3D et éclairée au choix par des LED selon différents programmes. Cela crée une ambiance à bord plutôt fun pour les passagers qui chercheront en vain le jacuzzi ou la boîte de nuit. Pendant ce temps, le conducteur-chauffeur s'occupe à repérer le réellement utile dans le fourmillement des fonctions. Pour cela, outre l'affichage tête haute en rappel, il dispose de deux écrans en continuité combinant un 12,3 pouces pour les instruments et un 14,9 pouces tactile au centre.

L'apprentissage des fonctions promet une prise en mains studieuse © Adrien Cortesi

L'absence de touches directes oblige à descendre dans le menu pour trouver des fonctions de personnalisation qui permettront par la suite de ne retenir que ce qui est indispensable. Mais la prise en main s'annonce longue, méthodique, voire laborieuse pour les moins accoutumés à l'informatique. La superbe sellerie bicolore proposée en option (2 600 ?) donne un cachet particulier à un univers BMW où il sera bien difficile de trouver à redire. L'autre option concerne le régulateur de vitesse adaptatif (1 850 ?) qui permet d'accéder à la conduite assistée de niveau 2.

L'Avis du Point Auto

La dynamique du XM est étonnante au détriment de l'amorti à basse vitesse. Mais avec 2,7 tonnes, il a fallu privilégier la tenue de route. © Adrien Cortesi

Les voitures allemandes ont ceci de commun que l'on trouve assez rapidement la position de conduite idéale. Sur le XM, où l'assise est relativement perchée, cela nécessite tout de même quelques tâtonnements afin de préserver une bonne vue extérieure. Et elle est indispensable en dépit de tous les radars périphériques et de l'écran « bird view » pour ne pas toucher un obstacle en ville. Nous plaignons déjà ceux qui devront se faufiler en sous-sol dans un parking taillé pour des berlines françaises sans accrocher les roues de 21 pouces et même 23 en option.

Heureusement, le XM est doté de 4 roues directrices, ce qui améliore singulièrement sa maniabilité en ville, mais aussi sur les routes sinueuses. Le centre de gravité placé très haut et les plus de 2,7 tonnes à remuer nécessitent une suspension à la hauteur et celle pilotée du XM, avec antiroulis actif de surcroît, s'en sort très bien même si elle manque de progressivité et de moelleux à basse vitesse.

La différence se situe dans les nombreux détails du XM pour le situer dans d'autres sphères que la grande série © Adrien Cortesi

On a bien compris que, dans le compromis, c'est la tenue de route qui importe et le XM, sans défier les lois de la physique, parvient à se couler sans rechigner sur les trajectoires si on ne le brutalise pas. Le chant du V8, succédant au son de synthèse du compositeur Hans Zimmer, souligne élégamment l'éveil des 489 ch à l'ouvrage pour culminer à 653 ch avec l'électrique.

La hausse du rythme filtrée par la masse du véhicule permet tout de même d'atteindre 100 km/h en 4,3 secondes, comme la M2 ! Il faudra se méfier des excès de vitesse dans cette carrosserie, tant elle édulcore la performance mais avec une double détente, la conduite avec ou sans batterie. Consolation, lorsque celle-ci est vide, il reste encore près de 500 ch pour s'exprimer, cette fois au prix fort à la pompe.

LES PLUS

- Concept audacieux

- Équipement royal

- Autonomie électrique

- Pas de malus

LES MOINS

- Poids extravagant

- Encombrement en ville

- Filtration à basse vitesse

- Quelques options encore

Sous le capot du BMW XM

Moteur : V8 biturbo essence

Le V8 n'a pas eu besoin du talentueux Hans Zimmer, qui a composé la sonorité électrique, pour déployer sa bande son. © Adrien Cortesi

Cylindrée : 4 395 cm3

Puissance et couple thermique : 489 ch ? 650 Nm.

Puissance et couple électrique : 197 ch et 280 Nm

Puissance cumulée : 653 ch

Couple cumulé : 800 Nm

Transmission : 4 roues motrices et directrices

Boîte : automatique 8 rapports

Dimensions L x l x h : 5,11 x 2,0 x 1,75 m

Coffre : 527 l

0 à 100 km/h : 4,3 s

Vitesse : 250 km/h (électrique 140 km/h)

Consommation : 1,5 l / 1,6 l

Batterie : 25,7 kWh utiles

Charge AC 7,4 kW / domestique : 4 h 15 / 14 h

Autonomie électrique : 82-88 km

CO2 : 33 / 36 g/km (pas de malus)

Poids : 2 710 kg ( 4,15 kg/ch) Pas de malus

Prix : à partir de 178 000 euros

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